Oct 19, 2006

Pays-Bas : un quotidien payant arrive à toucher les moins de 35 ans


NRC Next est un quotidien payant du matin : 1 euro. Il a été lancé aux Pays-Bas, il y a environ six mois. Sa cible : les moins de 35 ans avec une éducation supérieure. Bonne nouvelle pour la presse écrite payante, il semble que ça fonctionne. Le journal a non seulement atteint mais dépassé ses objectifs de 40 000 lecteurs. Diffusion actuelle : 70 000.

Le concept du quotidien : un magazine quotidien. Un journal qui explique, qui contextualise les infos, partant du principe que les gens ont déjà l'info essentielle. "A creative daily newsmagazine, which assumes that readers have already picked up the routine news from other channels. Little space was reserved for what, where and when, but more attention for how and why", raconte Jan Prins, dans editorsweblog.

Ca vous rappelle quelque chose ? C'est le concept auquel nous croyons pour Libération : le quotidien magazine. Un concept que, d'ailleurs, une partie de la rédaction défend… et auquel ne croit pas Edwy Plenel. Il a déclaré, le vendredi 13 octobre, à l'équipe Libé lors de la présentation de son plan pour le journal : "Quant au papier, quelle est sa plus-value ? La réponse apportée par la plupart d'entre nous a été : nous sommes pris par un monde immédiat où le web manifeste cet immédiat. Du coup, le papier doit faire du magazine, de la distance, dans un paysage déjà encombré -c'est le pays du magazine- et de l'analyse et du débat. Cela amène à des formules qui à mon avis qui régressent par rapport aux vrais enjeux d'un quotidien. Un quotidien, on l'achète par rapport à l'actu, on ne l'achète pas pour sa deuxième partie magazine. Cela vient en plus. On l'achète s'il est réactif par rapport à l'actu, s'il est dans l'actualité, s'il donne une grille de lecture, s'il a une pertinence, de l'originalité par rapport à cette actualité."

Si j'ai le temps, j'essayerai de revenir sur les idées d'Edwy Plenel pour Libé dans un autre post, mais il est clair que je ne le rejoins pas complétement sur "l'actu" comme plus-value d'un quotidien national papier payant. Certe, le journal peut créer sa propre actu, mais pas à toutes les pages. Le besoin d'explications, de contextualisation est fort. Comprendre l'actu au quotidien, aller plus loin que les faits, mettre en perspective, décrypter… c'est une grosse demande des lecteurs. C'est aussi un positionnement, un concept clair et original qui peut faire la différence.

Et c'est apparemment le secret du début de la réussite de NRC Next. La stratégie internet n'a pas été oubliée. Le quotidien a son site web : www.nrc.nl/next. La participation des lecteurs y est encouragée. Ils peuvent envoyer des infos et commenter.

Plus impressionnant, s'ils désirent des infos supplémentaires sur un sujet qu'ils ont lu dans le journal, les lecteurs peuvent commander, grâce à un code et par SMS, un complément d'information. Ils reçoivent alors le matériel électronique disponible sur une page d'accueil spéciale personnalisée à leur intention. Au passage, on peut également s'abonner au journal, à l'aide de son téléphone portable.

Autre leçon de ce concept, NRC Next est publié par le même éditeur que NRC Handelsblat. Éditeur qui a préféré créer un autre journal que d'essayer de rajeunir l'existant. À chacun sa cible.

(source : editorsweblog)

4 comments:

  1. Anonymous4:58 AM

    Je découvre votre blog et trouve qu'il approte une vraie info alternative. Bravo ! Sur le sujet de ce billet, ca rafraichit de voir que la presse payante, en remettant en cause le modèle d'information actuel, arrive à tirer son épingle du jeu.

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  2. Anonymous3:33 AM

    Une question dont je ne sais si vous avez la réponse : quand vous dîtes que l'abonné peut recevoir un complément d'information sur demande, que reçoit-il ? Les sources dont s'est servi le journaliste ? Ou bien sur chaque article, le journaliste prépare un petit dossier complémentaire, mais ceci suppose un gros travail et systématisé en amont.
    Je suis rédactrice en chef d'une petite revue de la presse professionnelle qui appartient à un micro-groupe dont le patron n'a pas vraiment pris la mesure du multi-supports.
    Merci

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  3. Anonymous4:44 AM

    Je partage ton scepticisme quant à l'idée défendue par Plenel dans sa définition de ce que doit être un quotidien. A croire qu'on doit revenir aux samizdats... L'actu en soi n'est absolument plus la valeur ajoutée d'un quotidien. Le lecteur est qu'on le veuille ou non déjà exposé aux informations au moment où il prend en main son quotidien. Il y cherchera une analyse, un point de vue, un éclairage et aussi du recul. En termes de rapidité et de réactivité, le support papier est battu d'avance par les médias numérique. Auquel cas, il doit proposer autre chose, au risque de changer de fonction (glissement très bien analysé par Denis Muzet dans "La Mal Info"

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  4. @ Pascal

    Je n'ai en effet pas la réponse. Mais je pense, comme vous, qu'il s'agit des éléments non publiés et des sources. A vérifier de toute façon.

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