La presse écrite et ses soucis, en particulier avec le net, sont à "l'honneur" depuis quelques jours. D'abord dans
Libé, David Targy, du cabinet d'étude
Precepta, lors
d'une interview analyse les difficultés de cette presse à trouver la rentabilité sur le net. Le discours n'est pas tendre mais il est réaliste. J'en partage bien des points. À lire, si vous ne l'avez pas encore fait. À lire aussi les commentaires qu'en font Emmanuel Parody (
ici) et Danielle Attias (
ici).
De l'autre côté de la Manche,
The Economist essaye de comprendre
"Qui a tué les journaux ?" Dont la mort, dans leur version papier, est annoncée pour 2043, selon le journaliste et enseignant Philip Meyer dans son excellent et indispensable livre
"The Vanishing Newspaper". Les lecteurs de Média Café et beaucoup de professionnels n'y apprendront pas grand chose. On n'y trouve "rien d'extraordinairement nouveau" comme le fait remarquer Francis Pisani sur
son blog. Mais c'est une bonne remise en mémoire des difficultés et des enjeux. Vous pouvez accéder à l'édito en ligne gratuitement (
ici) et au papier (
ici).
Là encore le discours est dur mais réaliste. L'hebdo britannique accuse les journaux
"d'avoir ignoré la réalité depuis des années" tout en reconnaissant que maintenant ils sont, pour une partie, entrain d'essayer de rattraper le temps perdu. Mais il constate que :
"So far, this fit of activity looks unlikely to save many of them". Affirmant
"Newspapers are making progress with the internet, but most are still too timid, defensive or high-minded". Et faisant remarquer que :
"The danger for newspapers is that all their efforts on the internet may only slow their decline. Doing the obvious—having excellent websites and selling ad space on them—may not be enough." Et, la chute peut être rapide. Plus rapide qu'on ne le pense. C'est ce que nous rappelle l'article du
New York Times (dimanche) :
"What-Ifs of a Media Eclipse". Papier qui revient sur la disparition subite du deuxième groupe de presse quotidienne américaine Knight Ridder.
Tout juste un an après que le patron du groupe, Anthony Ridder, ait déclaré à des analystes de Wall Street :
“The newspaper industry generally, and Knight Ridder specifically, are strong, healthy businesses with a bright future,” le groupe (18 000 employés et 32 quotidiens) était vendu à
"the McClatchy Company for $4.5 billion and the assumption of $2 billion in debt.""“Could anyone imagine 10 years ago saying that in 10 years, Knight Ridder would not exist?” asked Jay T. Harris, a former publisher for Knight Ridder at The San Jose Mercury News" reprend le New York Times dans son article.
Et
The Economist d'insister, comme je le fais régulièrement ici sur ce blog, sur le fait que :
" The papers with the best chance of seeing their revenues grow are those experimenting with entirely new businesses online and off." Internet est parfait pour cela. Loin d'être un ennemi, il est un outil formidable pour l'expérimentation. Certe, pas le seul. Mais cette phase d'expérimentation ne se fera pas sans une forte volonté des éditeurs et de leurs équipes et le recrutement de nouveaux talents pour mener à bien ces tentatives. En d'autres termes, il ne se fera pas sans des vrais investissements.
Mise à jour : Loïc Le Meurs y va aussi de
son commentaire sur son blog.